DANSE AVEC NATHAN GOLSHEM

Tous les ans, à la première lune de l’automne, Djennifer Goranitzé se rend au bord de la mer, sur une immense décharge d’ordures où le corps de son mari a été jeté par les militaires. Elle appelle son mari, Nathan Golshem. Elle l’appelle pendant des jours et des nuits, elle frappe la terre avec les pieds, avec des morceaux de ferraille, avec les mains, elle danse. Elle danse jusqu’à que Nathan Golshem revienne du néant. Djennifer Goranitzé et son mari ferment les yeux sous le ciel étoilé et, de nouveau, ils se parlent et ils plaisantent. Avec une bonne humeur qu’aucune lamentation ne vient contrarier, ils évoquent leurs camarades d’infortune, les combats constamment perdus, les déroutes, les crimes dont ils ont été témoins, victimes ou coupables. Ils rient, ils s’aiment, ils ne savent plus très bien à quel niveau de vérité ou de mensonge se situent leurs anecdotes terribles.

Danse avec Nathan Golshem, Lutz Bassmann (Éd. Verdier, 2012), extraits de la 4ème de couverture

Ce concert littéraire est né de l’exploration sonore que nous avons menée avec Xavier Charles sur l’oeuvre-monde d’Antoine Volodine, qui regroupe une communauté d’écrivains tel que Lutz Bassmann, l’un de ses hétéronymes.
Après Mevlido appelle Mevlido d’Antoine Volodine créé en 2016 (Scène nationale de Vandoeuvre-Lès-Nancy, Cité musicale - Metz, Scène nationale d’Orléans, Scène nationale du Mans), création d’une forme composée tant musicalement que plastiquement, nous avons invité le quartet franco-norvégien Dans les arbres à venir faire se côtoyer leur musique aérienne et vibrante avec le récit de Danse avec Nathan Golshem, offrant aux spectateurs un moment d’improvisation unique. Le quartet devient quintet.
Ensemble, nous portons le souffle de ce chant de résistance.
Laëtitia Pitz